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Liban - Loubnan - Lebanon
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4 août 2006

Juin 1982 - juillet 2006

ÉCLAIRAGE - Un ancien ministre dresse une comparaison entre les deux situations

Juin 1982-juillet 2006, un même agresseur, mais des scénarios et des protagonistes différents

L'article de Scarlett HADDAD -L'orient le jour - 04 aout 2006
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Juin 1982-juillet 2006 : la triste histoire semble devoir se répéter. En dépit des déclarations officielles de leurs responsables (parfois contradictoires d’ailleurs), les Israéliens veulent visiblement tenter une nouvelle invasion du Liban, réduite certes, et sans doute moins longue, mais une invasion quand même. À cet égard, un ancien ministre, qui a vécu les journées noires de juin 1982 et celles d’aujourd’hui, établit une comparaison entre les deux situations, tant sur le plan interne libanais qu’au niveau du contexte régional.
S’il y a certaines ressemblances, les divergences entre les deux situations sont, selon lui, plus importantes et laissent prévoir une issue plus rapide à la crise actuelle. Une analyse utile à rapporter.
En 1982, se souvient cet ancien ministre, Israël avait pris pour prétexte la tentative d’assassinat d’un de ses diplomates à Londres (il avait survécu à cette tentative) par le groupe palestinien d’Abou Nidal, pour lancer sa grande offensive contre le Liban. Comme aujourd’hui, estime l’ancien ministre, le prétexte invoqué ne justifiait pas alors l’importance de la riposte. Mais ni en 1982 ni aujourd’hui Israël n’en a tenu compte, ayant préparé son projet et attendant le moindre incident pour pouvoir passer à l’acte.

Nuances
Autre similitude entre les deux situations, la position de la communauté internationale, avec toutefois quelques nuances : en 1982, la communauté internationale a assisté en spectatrice à l’entrée des troupes israéliennes au Liban, mais l’Administration américaine, alors dirigée par le président Ronald Reagan qui avait donné son feu vert pour une opération jusqu’au Litani, n’était pas d’accord pour que les troupes israéliennes arrivent jusqu’à Beyrouth. Le secrétaire d’État Alexander Haig avait même été contraint de démissionner lorsqu’il est apparu qu’il avait agi de concert avec les responsables israéliens, mais sans consulter son Administration. C’était du moins la version officielle avancée alors.
En tout cas, hier comme aujourd’hui, Israël avait quasiment eu les coudées franches pour entreprendre son action contre le Liban. Avec des limites en 1982, alors que, pour l’instant, les limites ne se sont pas encore précisées.
Mais, selon l’ancien ministre, la grande différence entre 1982 et 2006, c’est que la première fois, les Israéliens avaient atteint les abords de la capitale en une dizaine de jours, alors que cela fait désormais 23 jours qu’ils tentent d’occuper une bande de quelques kilomètres au Sud. Pour l’ancien ministre, ce phénomène a une explication très précise : en 1982, ce sont les Palestiniens qui se battaient au Sud, alors qu’ils avaient un contentieux avec les chiites et avec les chrétiens de la région. En 2006, la grande majorité de la population du Sud est soudée autour du Hezbollah, et les combattants de cette formation se battent chez eux, sur un terrain dont ils connaissent les moindres recoins.
Si les Palestiniens de 1982 étaient bien entraînés, possédaient un grand arsenal et avaient établi une véritable infrastructure militaire au Sud et à Beyrouth, en 2006, les combattants du Hezbollah ont montré qu’ils étaient aussi très bien préparés à affronter toute opération israélienne.
En 1982, le contexte politique intérieur était aussi différent. Une partie de la population, notamment dans ce qu’on appelait les régions est, n’était pas totalement hostile à l’invasion israélienne, y voyant le moyen d’en finir avec la présence de la résistance palestinienne perçue comme un État dans l’État.

Unité ponctuelle
Aujourd’hui, si certaines parties critiquent le Hezbollah, sur le plan politique, selon l’ancien ministre, nul ne se prononce en faveur de l’opération israélienne. « Il y aura sans doute, déclare-t-il, un violent débat et des discussions âpres sur l’avenir des armes du Hezbollah. Mais après la fin de la confrontation actuelle. » L’ancien ministre relève les tentatives de mobilisation de la population, ainsi que « la guerre psychologique », menées par Israël aux Libanais, par le biais de coups de fil matinaux annonçant la fin proche du Hezbollah. Il ajoute que ces manœuvres n’ont pas aujourd’hui l’impact qu’elles pouvaient avoir en 1982. La situation est très différente à ce niveau-là et les Libanais, dans leur très grande majorité, ne sont plus sensibles aux appels israéliens, mettant en tête de leurs priorités l’unité nationale.
Reste le contexte régional. Pour l’ancien ministre, en 1982, seule la Syrie appuyait le Liban. Mais cet appui ne s’est traduit que par quelques combats contre l’aviation israélienne au cours des premières heures de l’invasion. Quant aux autres capitales arabes, elles n’ont bougé que lorsque les Israéliens sont arrivés aux abords de Beyrouth, refusant le principe d’une capitale arabe aux mains des soldats israéliens. Ni sommet arabe ni réunion extraordinaire, le Liban avait été laissé seul dans la tourmente. Aujourd’hui, l’ancien ministre insiste sur le fait que le Liban est au cœur d’un axe régional, qui n’est pas dépourvu de cartes face à l’axe israélo-américain. Que l’on critique ou non l’Iran, il reste une puissance régionale et bénéfice d’appuis internationaux. Ce qui, toujours selon l’ancien ministre, permet d’améliorer les conditions libanaises sur la scène internationale. L’envers de la médaille, c’est qu’à cause de cet appui, le Liban pourrait devenir l’otage d’une confrontation régionale dont il ne contrôle ni les enjeux ni l’ampleur. Les prochains jours devraient permettre de préciser l’étape à venir : une confrontation régionale, ou une solution entre le Hezbollah et Israël via les Nations unies.
Les Libanais, est-il besoin de le préciser, préfèrent de loin la seconde éventualité...

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