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11 août 2006

La valse de l'état major israélien

Par Didier FRANÇOIS

QUOTIDIEN : Vendredi 11 août 2006 - 06:00

Metula envoyé spécial
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Liban : la valse-hésitation de l'état-major israélien



Les hauteurs de Metula offrent une vue imprenable sur le dernier champ de bataille ouvert par Tsahal au Sud-Liban. Face aux vergers de cette petite localité israélienne, à l'extrême nord de la Galilée, les collines de Khiam, qui surplombent la plaine du Merjin. De ce bastion du Hezbollah, situé à sept kilomètres de la frontière, les roquettes de courte portée pleuvent sur le chef-lieu de Kiryat Shmona et ses alentours. L'armée israélienne a donc reçu ordre de l'investir, et une énorme colonne blindée a fait mouvement, mercredi en pleine nuit. «Une action qui met en oeuvre des moyens importants, commente alors un colonel, mais qui reste limitée au cadre des opérations menées depuis trois semaines contre les infrastructures de première ligne.» La grande offensive visant à repousser les miliciens chiites au nord du fleuve Litani vient, elle, d'être suspendue. Le contrordre est tombé alors que les chars massés sur les routes secondaires s'apprêtaient à entrer en action, les bandes passantes déjà engagées dans les mitrailleuses. Pour la seconde fois en deux jours, les lourds engins font demi-tour sur les étroites chaussées dans un gigantesque embouteillage de matériel de guerre.

Agacement. Les officiers de l'armée israélienne cachent mal leur agacement, et les soldats ne comprennent pas les hésitations de l'état-major et du gouvernement. Après un mois de conflit, les fusées du Hezbollah continuent de pleuvoir sur le nord du pays, et les combattants chiites se montrent toujours actifs dans les villages frontaliers. Pas moins de 15 soldats ont été tués en action mercredi au cours de sa journée la plus noire pour Tsahal. La veille, quatre parachutistes avaient trouvé la mort à Bint Jbeil, une bourgade commandant le centre du front, que les Israéliens affirmaient contrôler depuis une quinzaine de jours. Pas plus tard qu'hier matin, des blindés qui revenaient de l'opération nocturne contre Khiam étaient pris sous le feu de missiles antichars avant de rentrer dans Metula, à quelques centaines de mètres du territoire israélien.

De nombreux militaires estiment que leurs chefs se sont engagés trop prudemment dans cette bataille terrestre et avec trop peu de moyens. «Nous sommes capables de régler le problème, jure le commandant d'une unité combattante. On intervient déjà profondément dans leur territoire. On a pris le contrôle de nombreux points en hauteur. Le Hezbollah recule. Si on nous en donne l'ordre, nous avancerons.» L'état-major a réclamé aux politiques des moyens supplémentaires et les a obtenus. Les réserves rappelées sont désormais en position en lisière du front. L'armée devrait pouvoir aligner jusqu'à 40 000 hommes pour une poussée en masse vers le nord. Le Conseil des ministres a approuvé mercredi «l'extension des opérations» terrestres au Liban sans limitation de temps ; mais la fermeté affichée dans les déclarations publiques masque de réelles interrogations sur la stratégie à mettre en oeuvre.

«Moyens politiques». La pugnacité du Hezbollah et le savoir-faire de ses miliciens laissent présager une offensive longue, coûteuse en vies de soldats, pour une victoire qui semble loin d'être évidente. D'où ces ultimes tergiversations. «Nous devons épuiser les chances d'une solution diplomatique», a déclaré le ministre de la Justice sur les ondes de la radio publique, qu'écoute la troupe en campagne. «Nous tous, sans exception, bien entendu, préférons parvenir par des moyens politiques qui épargneront des vies humaines au principal objectif de l'extension de l'offensive, qui est d'arrêter les tirs de roquettes sur Israël. Si, à notre grand regret, cela ne devait pas être possible, nous serons forcés d'atteindre cet objectif par des moyens militaires, car il ne nous est pas permis de perdre cette bataille.»

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