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9 août 2006

Une croix sur le Liban

Une croix sur le Liban ? 7 Août 2006

Gérard Bapt
Député de la Haute Garonne
Vice Président du Groupe d’amitié France – Liban

de l’Assemblée Nationale
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C’est une nouvelle crucifixion que connaît le Liban ce jour à Deir Mimas, village chrétien dont le couvent maronite vient d’être rasé ; il y a peu à Cana, Cana la biblique, où le Christ, convié à une noce, changea l’eau en vin…Cana qui aura connu, à dix ans d’intervalle, les effets de la folie militaire. En avril 1996, le bombardement d’un hangar de l’ONU tua une centaine de civils qui avaient cru y trouver refuge…et causa la chute du gouvernement de Shimon Peres. Le tollé mondial provoqué par le deuxième drame de Cana, et les interrogations naissantes en Israël, auront-ils les mêmes conséquences sur le gouvernement Olmert ? Ce gouvernement civil s’est engagé sur l’unique option militaire d’éradication du « cancer Hezbollah », pour rendre service…à la paix et au Liban ! Parions que l’expérimenté général Ariel Sharon eût mieux mesuré et négocié la riposte à la provocation du Hezbollah…

Après vingt jours de destruction du Liban, de drames humains et de souffrances civiles dans ces deux pays auxquels la France est liée par de multiples liens historiques et humains, la cause de la paix et de ce « nouveau Moyen-Orient » démocratique a-t-elle progressé ?

En Palestine, il est probable que les dirigeants israéliens procèderont à un échange de prisonniers et se résoudront à négocier à la fois avec le Fatah et le « Hamas de l’intérieur », tant cette donnée de base de la coexistence par la création d’un Etat palestinien viable est incontournable. Les Etats sunnites de la région le souhaitent, assortie de la reconnaissance de l’existence d’Israël depuis le sommet arabe de Beyrouth en 2001.

Pour le Liban, l’issue de la guerre est extrêmement périlleuse. Le bourbier irakien où sont enlisés les Américains et l’allié anglais a favorisé l’émergence d’une puissance iranienne chiite jusqu’au niveau nucléaire. L’Iran a vassalisé une Syrie affaiblie par ses errements, et dispose d’un obligé libanais auréolé d’un incontestable prestige national depuis le retrait israélien du Sud. Et aujourd’hui, quelle que soit l’issue des affrontements, le Hezbollah apparaît vainqueur au plan politique au Liban et dans le monde arabe.

Le pire – l’embrasement généralisé de la région – n’est pas exclu : malgré le soin apporté par Israël à tenir la Syrie à l’écart de la guerre, un dérapage funeste est toujours possible avec l’Iran.

Mais si les efforts internationaux, notamment français, permettent de stabiliser un cessez-le-feu sur la base des grandes lignes des propositions du gouvernement libanais, le pays du Cèdre ne sera pas sorti d’affaire.

Aujourd’hui la violence inouïe des frappes israéliennes a réuni les Libanais, toutes croyances et tendances confondues, dans la même dénonciation. Le Hezbollah lui-même a fait sensation en se ralliant, la veille de la Conférence de Rome, au plan en sept points de Fouad Siniora, notamment au déploiement d’une force militaire onusienne au Sud et à Chébaa. Mais si la séquence française est atteinte – cessez-le-feu humanitaire, accord politique sous l’égide de l’ONU et déploiement d’une force internationale – subsistera la question du statut du Hezbollah.

Comment Hassan Nasrallah répondra-t-il à la question du leader druze Walid Joumblatt ? Mettra-t-il son succès politique au service du Liban, ou de l’Iran ?

Au-delà de sa connexion iranienne, le Hezbollah doit être vu comme une force sociale et religieuse qui ne peut être éradiquée, comme le « cancer libanais » qu’il serait selon Shimon Peres. Après l’échec israélien, nulle autre puissance militaire n’est aujourd’hui capable de le désarmer de force. Ce constat, fait de longue date par le général Aoun, amène à cette conclusion qu’il va falloir, dès le cessez-le-feu obtenu, considérer le Hezbollah comme un partenaire libanais à part entière, représentant plus d’un tiers de la population : l’amener à jouer l’option libanaise de la construction d’un Etat de droit aboutira à l’intégration de son potentiel militaire dans l’armée libanaise qu’il faut reconstruire.

A défaut, c’est un nouveau « chaos irakien » qui menace le Liban, et auquel ni Israël et les Etats-Unis, ni la Syrie n’ont intérêt.

L’Union nationale de tous les Libanais, qui préside dans cette période dramatique, démontre que « l’exception libanaise » est toujours vivace ! Un gouvernement de salut public, à l’image de celui qu’avait su constituer le Président Chebab en 1958 dans une situation de grand péril, et qui regrouperait tous les grands leaders sans exception, serait un signe fort donné au monde qu’un Liban souverain veut vivre!

Gérard BAPT

Député de la Haute Garonne

Vice Président du Groupe d’amitié France – Liban de l’Assemblée Nationale

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