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2 août 2006

Déplacés et réfugiés, frères de misère

Fuyant les combats, des milliers de Libanais sont accueillis dans les camps palestiniens.

Par Isabelle DELLERBA

QUOTIDIEN : Mercredi 2 août 2006 - 06:00

Aïn el-Héloué envoyée spéciale
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Au Liban, selon la terminologie employée par les organisations internationales, il y a désormais les «réfugiés» et les «déplacés». Les réfugiés, ce sont les quelque 350 000 Palestiniens qui ont fui leur pays à partir de 1948, date de la création d'Israël, et qui s'entassent dans douze misé-rables camps disséminés sur l'ensemble du territoire. Les déplacés, ce sont 898 000 Libanais qui ont abandonné leurs maisons depuis le 12 juillet pour échapper aux bombardements et qui sont à la recherche d'abris. Comble de l'ironie, aujourd'hui, les premiers hébergent les seconds. Dans le camp de Aïn el-Héloué, près de Saïda, une grande ville côtière à une quarantaine de kilomètres de Beyrouth, les Palestiniens déploient toute leur énergie pour accueillir avec leurs pauvres moyens, des milliers de chiites venus du Sud et de la capitale.

Volontaires. Sur l'une des artères principales, entre les baraques de béton et de tôles, l'école privée Al-Nidal a ouvert ses portes à une vingtaine de familles. Dans la cour, les déplacés applaudissent à l'arrivée des volontaires du Fonds d'aide pour les enfants palestiniens, une organisation basée aux Etats-Unis qui depuis le début du conflit se consacre exclusivement aux Libanais. «Nous leur donnons de la nourriture, des médicaments, des vêtements», explique Noha Masri, la représentante de l'ONG dans le pays. Sur les bancs, les parents gratifient les volontaires de larges sourires. «On s'occupe bien de nous ici, dit Abbas, originaire d'un village proche de la frontière israélienne. J'ai choisi de venir à Aïn el-Héloué, car je savais que les Palestiniens comprennent notre lutte contre Israël.» Lui n'a pas rejoint les combattants du Hezbollah, mais deux de ses frères sont sur le front. «S'ils ont besoin de davantage d'hommes, je suis prêt à partir.»

A quelques centaines de mètres de là, un petit restaurant diffuse des musiques patriotiques à tue-tête. Dans l'établissement scolaire voisin, les Palestiniens ont prévu d'organiser un concert dans la soirée pour leurs hôtes. Au programme, des chansons appelant à la résistance. «Nous ne pouvons pas les appuyer sur le terrain, explique Mohammad, bénévole, alors nous les soutenons comme nous le pouvons, moralement et matériellement.» Le groupe dont il fait partie rassemble les membres d'une dizaine d'associations. Ensemble, ils se sont divisés en six sous-sections : accueil, distribution de nourriture et de biens de première nécessité, collecte de fonds, documentation et éducation. Un travail à temps plein auquel ils s'adonnent avec une bonne volonté évidente. «Quand nous en avions besoin, les Libanais nous ont accueillis. Il est logique, qu'à notre tour, nous prenions soin d'eux», estime Hala, étudiante.

Samar, mère de quatre jeunes enfants, reçoit quant à elle sa famille. Samedi matin, sa soeur, son mari et leurs deux bambins, originaires de la banlieue chiite de Beyrouth, sont venus toquer, valise à la main, à la porte de sa bicoque exiguë. «Nous sommes maintenant onze personnes à cohabiter dans trois pièces minuscules, mais ce n'est pas grave. Nous sommes prêts à tenir le temps qu'il faudra» , lâche la jeune femme.

Si les particuliers sont nombreux à héberger des parents plus ou moins proches, les partis politiques palestiniens contribuent également, plus officiellement, à cette mobilisation générale du camp. Le Fatah, a mis tous ses bureaux à la disposition des déplacés. Tandis que le Hamas, l'autre grande formation présente au Liban, prend en charge près de 10 000 personnes sur l'ensemble du pays, leur fournissant notamment des repas. Quant à une aide militaire au Hezbollah dans le sud, il n'en est pas question pour l'instant. «De manière générale, nous coordonnons nos actions. Lorsqu'il a capturé les deux soldats israéliens, c'était pour faire baisser les pressions qui pesaient sur nous, dit Abou Ahmed Fadel, responsable du parti islamiste. Mais aujourd'hui, nous n'avons pas l'intention d'intervenir sur le sol libanais. Nous agirons seulement si nous sommes attaqués en tant que Palestiniens, ou si le Parti de Dieu nous le demande.»

Chasse gardée. Le Hezbollah ayant toujours considéré la région frontalière comme sa chasse gardée, il est hautement improbable qu'il se tourne vers d'autres groupes pour leur réclamer assistance. Quant à des raids contre les camps, l'armée israélienne a pris garde, jusqu'à présent, à ne pas toucher Aïn el-Héloué, le plus grand et le plus incontrôlable d'entre eux.

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