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Liban - Loubnan - Lebanon
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1 août 2006

Des soldats israéliens racontent...

Proche-Orient De retour de Bint Jbeil, des soldats israéliens racontent la violence des combats avec le Hezbollah.
Si on repart au Liban, on va mourir.
01 août 2006 - Libération
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thumb Ce week-end, le commando des forces spéciales de l'unité d'élite Golani a eu droit à un repos du guerrier : après trois jours sans manger et sans dormir au Sud-Liban, les jeunes soldats sortis hagards de la bataille de Bint Jbeil ont été amenés dans un hôtel du bord de mer à Saint-Jean-d'Acre, samedi, pour reprendre leur souffle, parler à leur famille et retrouver le moral. C'est peut-être le plus dur pour ce commando entraîné, piégé à Bint Jbeil, encerclé par des combattants du Hezbollah. Il a perdu huit hommes. La bataille précédente, à Maroun al-Ras, avait déjà coûté la vie à quatre soldats de la brigade Golani.

«Une mission suicide», murmurent certains de ces soldats (ils n'ont pas le droit de donner leur nom). Ils ont enlevé leur uniforme, mis des maillots de bain, mais gardent à l'épaule leur mitraillette américaine à viseur laser pour tirer la nuit. «Si on repart au Liban, on sait qu'on n'en sortira pas, on va mourir.»

Platoon. Joseph, 22 ans, tente de regonfler les sept soldats sous ses ordres, avant la prochaine opération au Liban, demain ou après-demain. «Je ne pourrai jamais oublier ce qui s'est passé», dit-il, incapable de saisir le verre qu'on lui tend ou d'avaler un morceau de nourriture. Il parle du Vietnam.

De Platoon : «C'était comme dans les films, on tirait de partout, les hommes tombaient en tournoyant.» Il parle des «terroristes» ­ les combattants du Hezbollah ­, qu'il découvre pour la première fois dans un corps à corps mortel : «J'ai été surpris de voir des hommes en uniforme impeccable, avec leur plaque de militaire recouverte de ruban noir pour ne pas briller dans la nuit, des chaussures cirées, une vraie armée. Ils sont très motivés, nous aussi.» A minuit, le commando Golani avait été débarqué de son bus à la frontière : «On nous a dit : "On va au Liban pour empêcher que les tirs continuent sur Israël." On part la nuit parce qu'on est équipé de lasers, ce qui nous avantage. Mais, à 4 heures du matin, on est tombé dans une embuscade. Les terroristes nous attendaient.»

Le commandant Klein, un des officiers Golani mort au combat, se jettera sur une grenade pour sauver la vie de ses hommes derrière lui. Les deux unités parviendront jusqu'aux maisons désertées de Bint Jbeil, QG chiite de la région, où ils trouveront des armes, des documents du Hezbollah, des bunkers enterrés, des lance-roquettes. «On n'avait rien à manger, on était parti pour douze heures seulement, explique Joseph, on avait emporté seulement de l'eau.» Ils mangent des pommes de terre crues trouvées dans les maisons. Ils abattent les combattants du Hezbollah qui les encerclent, immédiatement remplacés par d'autres qui reviennent les attaquer. Quatre soldats de la brigade sont tués. Quatre autres, blessés, agonisent plusieurs heures dehors, sans pouvoir être secourus. Ils vont mourir.

D'autres blessés hurlent. La brigade est encerclée pendant deux nuits et deux jours. Elle communique avec les forces aériennes pour diriger le pilonnage aux alentours. Finalement, l'aviation bombarde autour d'eux pour qu'ils puissent sortir des maisons, chercher les blessés et les morts. Ils marchent deux kilomètres pour atteindre une zone un peu dégagée où des hélicoptères se posent pour prendre les blessés et redécoller avant d'être touchés par un missile.

«Morts dans des sacs». «On a marché avec nos morts dans des sacs, en évitant de regarder le visage pour ne pas savoir si c'est un copain», raconte Joseph. Les soldats israéliens ramènent aussi des cadavres du Hezbollah pour servir plus tard à des échanges de morts.

Entraînés à la lutte dans les Territoires palestiniens, ces commandos d'élite ont la surprise de se trouver dans une vraie guerre. Et sur un terrain accidenté où les chars ne passent pas, couvert de végétation où le Hezbollah peut les attendre sans être repéré. «On a pris une claque, mais eux aussi, dit Joseph, et maintenant on les connaît.»

Les soldats et les blessés légers refont les six kilomètres en sens inverse. Une équipe spécialisée leur a tendu des fils blancs qu'ils doivent suivre pour ne pas sauter sur les mines plantées par le Hezbollah, mais aussi par Israël avant son retrait du Liban.
A leur arrivée de l'autre côté de la frontière, certains ont pleuré, d'autres embrassé la terre d'Israël, et tous ont demandé : «Alors les tirs d'obus sur nos villes ont cessé ?»

Samedi, le Hezbollah a lancé 150 roquettes sur le nord d'Israël

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