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Liban - Loubnan - Lebanon
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1 août 2006

Des etrangers solidaires du Liban

Des étrangers solidaires du Liban
Pas question de partir
Magazine vendredi 28 juillet.
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Ils ont fait leur vie au Liban, ils y ont leur travail, leurs amis. Alors, ils n'envisagent pas de s'en aller. Parce qu'ils ne se sentent pas en danger, mais aussi par solidarité.

Depuis le 17 juillet, leurs compatriotes fuient le pays du Cèdre ou attendent, avec impatience, d'être enfin appelés par leurs ambassades. Mais, certains étrangers au Liban refusent tout bonnement de partir. «Je suis tellement bien ici, je préfère être au  Liban en temps de guerre qu'en Europe en temps de paix. Je n'ai pas l'intention de quitter le pays à la première occasion», lance Wolfgang Hager. Cet Allemand de 68 ans vit au Liban depuis quatre ans. S'il n'éprouve aucune hésitation à rester, pour d'autres, il n'en va pas toujours de même. Peu habituée à entendre les déflagrations des bombes, Delphine avoue avoir eu très peur les premiers jours de la guerre. Quoi de plus normal? Mais, pour l'instant, elle continue à mener une vie normale. Elle est à Tripoli, dans la famille de son ami. Elle va à la plage, au restaurant... «Ça me gênerait de partir vis-à-vis de mes amis, les gens avec qui je travaille. Ils savent que tant qu'il y a beaucoup d'étrangers ici, ils seront préservés». Le Liban est en effet devenu son pays de cœur: «C'est dur de voir l'endroit qu'on s'est choisi pour vivre être la cible d'une armée sanguinaire».
Jérémie Régnier a été inscrit, à son insu, sur la liste des candidats au départ de l'ambassade de France. «Mon frère était en vacances ici quand la guerre a éclaté. Alors, il m'a inscrit avec lui, mais j'ai immédiatement appelé l'ambassade pour leur dire que je voulais partir avec les derniers». Jérémie travaille, depuis trois ans, dans une maison d'édition et il continue, la rentrée scolaire se profilant à l'horizon. Son éventuel retour en France, il ne veut même pas y songer: «Je deviendrais fou à suivre cette guerre par le biais des médias et à ronger mon frein». Tout comme Alice Eddé, d'origine américaine et mariée à un Libanais. «Comment défendre ce pays, si tout le monde le quitte?», s'interroge-t-elle. Le credo d'Alice est simple: «Une action positive émet des ondes positives». Alors, elle continue son travail, bien décidée à poursuivre une vie normale.
L'épouse de Stéphane Attali est enceinte de huit mois. Les conditions pénibles du voyage vers la France ne les incitent pas à partir. Et puis Stéphane relativise le départ des étrangers: «L'ambassade n'a pas demandé l'évacuation de ses ressortissants, mais propose à ceux qui le souhaitent de partir», nuance-t-il. Lui n'est pas un touriste de passage, il travaille à l'Esa (l'Ecole supérieure des affaires) depuis quatre ans. «Si nous étions à Baabda, ce ne serait pas la même chose, mais ici, nous nous sentons en sécurité», explique-t-il.
C'est justement parce qu'ils ne se sentent pas en danger, ni menacés que certains étrangers restent à Beyrouth. Tous se présentent comme des «privilégiés». Ils vivent dans les quartiers sûrs de la capitale. Mais surtout, ils se sentent solidaires des Libanais. Aurore Pastre a décidé d'organiser, avec d'autres citoyens étrangers, une manifestation de soutien. «Nous voulons envoyer un message politique aux Nations unies et à la communauté européenne pour réclamer un cessez-le-feu et dire aux Libanais que nous restons ici par amour». L'énergie de la jeune femme est contagieuse. C'est aussi parce qu'ils se sentent utiles que Stéphane et sa femme ont décidé de rester. L'Esa est l'un des centres de regroupement pour accueillir les Français en situation de détresse à cause de la guerre. «Nous avons vu des familles arriver ici traumatisées. Elles étaient au Liban pour des vacances et se sont retrouvées au cœur des bombardements. Des Franco-Libanais, qui avaient vécu l'horreur de la guerre civile, se retrouvent, vingt ans plus tard, précipités à nouveau dans la guerre, alors qu'ils amenaient leurs enfants ici pour des vacances», explique Stéphane. «Nous pouvons être utiles ici, en accueillant ces familles. Nous aurions vraiment mauvaise conscience à partir en claquant la porte derrière nous comme si de rien n'était».


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