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Liban - Loubnan - Lebanon
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9 août 2006

La lacheté de l'union européenne

olidarité Liban
Les lâchetés de l’Union européenne

Député communiste au Parlement européen où il préside le groupe GUE-GVN, Francis Wurtz juge sévèrement la lâcheté dont a fait preuve l’UE.

« Cette crise est une terrible épreuve de vérité pour l’Union européenne, pour sa politique extérieure en général et sa politique au Proche-Orient en particulier. Elle s’est montrée totalement incapable, au niveau du Conseil, d’exprimer l’exigence minimum d’un cessez-le-feu immédiat et sans condition. Cela parce que la Grande-Bretagne, épaulée par l’Allemagne, la Pologne et quelques autres pays observent un alignement servile sur les États-Unis et continuent de considérer comme intouchable la politique israélienne. C’est une abdication de toute responsabilité dans la région, mais aussi, et c’est grave, de toute crédibilité.

Je dois dire qu’il y a, heureusement, quelques oppositions à cet alignement. La présidence finlandaise a fait des déclarations excellentes et des pays comme la France ont, à certains moments, fait entendre une autre voix. Il y a enfin le Parlement européen qui a fait preuve d’une clairvoyance bien plus grande que le Conseil dans la position prise en urgence par la Conférence des présidents, le 20 juillet. Elle a exigé - à l’unanimité ! - le cessez-le-feu immédiat et « le retour à la légalité internationale », mais aussi l’ouverture de pourparlers sur les prisonniers et de négociations globales sur l’application de l’ensemble des résolutions du Conseil de sécurité de l’ONU. Ce qui est autrement plus avancé que les positions alambiquées et lâches du Conseil.

L’Union européenne aurait aussi dû adopter immédiatement une position claire sur le mandat de la force internationale, qui ne doit pas devenir une force supplétive de l’armée israélienne. La séquence est à cet égard décisive : d’abord le cessez-le-feu, puis un accord politique, puis le déploiement d’une force - des deux côtés de la frontière - afin de garantir l’application de cet accord. Sa paralysie s’est reflétée au Conseil de sécurité de l’ONU. Or tout retard alimente la poursuite d’un engrenage dont on voit à quel fiasco il a conduit en Irak.

L’Union européenne porte donc une lourde responsabilité. On a vu que ses tergiversations et son refus d’exiger tout de suite un cessez-le-feu ont été considérés par Israël comme une autorisation à la poursuite de l’escalade militaire. C’est extrêmement grave. L’Union européenne ne doit plus accepter que les États-Unis aient en son sein un ou deux alliés inconditionnels qui la paralysent. Les pays qui refusent cet alignement doivent le dire haut et fort. Sinon, l’UE se condamne à l’inaction et au déshonneur. Et il devient indécent de ne pas être capable de dire : « Cessez-le-feu ! » et de chercher ensuite à rectifier son image en envoyant de l’aide humanitaire.

L’Union va-t-elle se laisser berner par la promesse diabolique d’un « nouveau Moyen-Orient » construit sur les cadavres des victimes civiles d’un pays ou même de deux ? Il y a, heureusement, l’espoir qui naît de la contestation de plus en plus grande qui se manifeste dans les opinions publiques, y compris dans les pays responsables de cette paralysie, comme la Grande-Bretagne, où la contestation de la politique de Tony Blair atteint même le niveau des ministres. Le déblocage de la politique européenne viendra, je le pense, des peuples, des citoyens. »

Propos recueillis par Françoise Germain-Rob

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