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Liban - Loubnan - Lebanon
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2 août 2006

La mare aux requins.

L'éditorial de Issa GORAIEB

La mare aux requins  - Lorient le Jour 02-08-2006

Ah, qu’en termes diplomatiques il faut parfois que certaines choses soient dites ! Nombreux, sans doute, sont ceux qui ont sursauté – ou simplement souri – en entendant Philippe Douste-Blazy évoquer, lundi à Beyrouth, « le rôle important de stabilisation » que joue l’Iran dans cette partie du monde. Tout le monde aura compris néanmoins qu’en créditant d’office la remuante, l’agissante République islamique d’un rôle aussi constructif, le chef du Quai d’Orsay, qui a rencontré en soirée son homologue iranien Mottaki, de passage lui aussi à Beyrouth, ne faisait que presser celle-ci d’user – dans le bon sens, cette fois – de sa considérable influence pour ramener la paix au Liban. Pour piquante qu’ait été la petite phrase de Douste-Blazy, elle n’était rien d’autre en réalité qu’un souhait. Un vœu pieux.

Naïve alors, la France ? Non, réaliste. Elle se rend parfaitement compte en effet, la France, que le salut du Liban commande en priorité que s’arrête de tourner la machine de destruction et de mort ; du fait des réserves essentiellement britanniques toutefois, elle n’a été suivie qu’à demi par l’Union européenne, qui a lancé un appel passablement alambiqué à une fin immédiate des hostilités débouchant, à son tour, sur un cessez-le-feu durable. Elle a le bon sens de croire en outre, la France, qu’il est illusoire de tenter d’amener le Hezbollah à composition si l’on ne dialogue pas avec son puissant parrain : lequel parrain fait feu de tout bois – de bon cèdre, en l’occurrence – pour forcer son entrée au sein du club nucléaire malgré l’avertissement, assorti de menaces de sanctions, que viennent de lui adresser les Nations unies.

Instruit par le catastrophique précédent de 1983, Paris est convaincu, de même, qu’il serait inutile – pire, dangereux – de déployer une force internationale au Liban sans un règlement préalable auquel auraient souscrit toutes les parties au conflit, visibles et moins visibles. Or, quel règlement peut-il être possible sans que chacun y trouve son compte ? C’est forcément, quelque part, donnant, donnant : ignorer une fois de plus cette cynique mais incontournable règle de base, n’est-ce pas tenter le diable une fois de plus, n’est-ce pas courir au-devant de nouvelles et graves secousses, d’attentats-suicide tels ceux qui avaient provoqué la débandade de la première multinationale ?

Otage d’une cruelle géopolitique, ce petit pays est entouré de requins qui ne dédaignent pas, à l’occasion, de s’acharner en même temps, chacun à sa manière, sur la même proie. Pour l’État juif, le Liban est l’antithèse par excellence, la formule à abattre, mais qui a été réaffirmée avec force à la faveur des assises islamo-chrétiennes d’hier à Bkerké ; en vidant systématiquement le sud du pays de sa population, c’est à faire imploser le reste du pays qu’œuvre en effet l’ennemi, sous prétexte de garantir la sécurité de la Galilée. La Syrie ne s’est jamais remise, elle, de son départ forcé du Liban, et rêve d’y reprendre pied en se faufilant derrière le colosse iranien. Lequel Iran n’est véritablement installé, carré dans son statut de géant redouté jusqu’à l’obsession des États arabes de la région, que depuis l’expédition américaine en Irak, le renversement de la dictature de Saddam Hussein et la sanglante anarchie, le terrorisme et la guerre civile larvée infligés à ce malheureux pays.

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